L'écriture d'Ariel Avril fait écho aux œuvres numériques de la peintre Silvia Sanjurjo
dans des livres d'artistes et des expositions.
Dimanche matin
Je suis ta cannibale.
En vagues qui dévastent,
Rafalent et dévalent.
En douceur tes mots glissent,
Me prénomme et m’avalent.
Tes soubresauts m’ouvrent
Au souffle court de ton corps en tension.
Avide de ton bien, tu somnoles, tu t’endors.
Le temps d’écrire ces mots,
Je te retourne en vitesse lente,
Je te rejoins pour t’accoupler.
© Ariel Avril 2007
peintre: Silvia Sanjurjo
La mer
Le souffle de la mer me manque
Assèche ma peau barrière
Repoussoir des autres pénétrants
Protectrice ardente des précieux intérieurs
Les trésors feutrés sont cachés
En cellule de velours
Et je vis aux reflets des autres
Solides et tendres
Qui apposent leurs âmes
Au bord du comptoir des liens
La mer vient et revient au cœur
Envoûter les corps en forte traction
Je souffre exaltée du manque d'épaisseur
Du film protecteur enveloppant de chaleur
Et je laisse la nausée des passions
Au doux rythme du bien-être
© Ariel Avril 2014
La soupe aux choux
C’est sur la souffrance de l’enfance que je compose appose en transe ces cris sourds aux aboiements de mes sens. Seule je soupire et je me soumets aux regards floutés des visages vides de vie.
Et la soupière est pleine de choux gras qu’une louche serre aux noceurs du dimanche.
Soulage l’air plombé des particules algébriques de ta matrice. Ravale les glaires gonflés de ton patrimoine génétique. Gobe les globules du jaune dégoulinant d’huître. Recuis, tempère, savoure et régénère ta renaissance. Avoue tes crimes, tes tueries. Bois tout ton soul aux abris des casemates de sable. Vas-y viens je me retiens aux branches des lianes tarzanes.
Et Sophie discute avec les clients en blanc de cuisine fumante et sert les plats du tajine chaud bouillant.
Où vas-tu agonisant l’infini, fascinant l’amertume des atroces souvenirs ?
Guerrière sans morts, Attila des pelouses, sans armes et sans armures, je gravis les corps. Je les engouffre, les bouffent, et les rejette. J’applaudis des ventricules. Mes émois et moi nous embrasons infiniment.
Quand se fera la rencontre d’un autre compétent de mes accointances, vivifiant mes sens et soupirant mes craintes ? Je donne sans me reprendre. Je m’abandonne sous X hommes et je nais sur son ventre par son pénis accoucheur de plaisirs éjaculant mes extases.
Café de la place un samedi après-midi d’automne.
© Ariel Avril 2007
Les chaussettes
Artiste: Silvia Sanjurjo
Serait-ce possible que je ne t'aimasse plus?
Tu en ferais tout un fromage.
J’ai confondu ta mécanique des corps
Avec des mots tendres pour assouplir,
Et mon désir tenace qui tient plus à la vie.
Tu es si bien huilé que je me suis asséchée.
Prends-moi la vedette pour lustrer ton égo
Et laisse-moi t’adorer, sèche,
En brute de décoffrage. Je serai inébranlable.
Mon narcissique adoré
Qui s’accapare les personnalités,
Mon killer ravageur,
Je suis ton serial orgasm.
Tu as tiré le rideau,
Avec vue imprenable sur nos ébats
Fusionnants en scène d’ombres.
On en aura eu quelques-uns,
Splendides confusions des genres
Masculins et féminins.
C’est déjà ça que je te donne,
Tout ce plaisir englouti
Stimulé de mes extases.
C’est déjà ça de pris.
Mais comme les chaussettes, je me dessèche.
Je t’amande des yeux et le manque me sourit.
Ta voix s’éloigne en fiançailles sanguines
Recroquevillé sous serre au fond du restaurant.
Je te languis prenant appui sur l’air,
Mais peu à peu le plus tenace des désirs meurt.
Mon flot tarit et je jubile.
Je me centre dans un repli de la vie et j’automne.
Je lâche. Sevrée, je sève. J’alimente l’humus.
J’entasse pour broyer, déchiqueter et peser.
Mon noyau dur s’atomise en résilience d’escargot,
Et ma solitude flamboyante étincelle.
© Ariel Avril 2007